Modigliani : Techniques et pratiques artistiques

Présentation

En 2016, le LaM organise une grande rétrospective « Amedeo Modigliani, l’œil intérieur » grâce à une collection unique d’œuvres de Modigliani (dessins, peintures et sculpture) issue de la passion d’un collectionneur, Roger Dutilleul et de son neveu Jean Masurel. De novembre 2017 à avril 2018, sous la houlette de Nancy Ireson et Simonetta Fraquelli, la Tate Modern à Londres organise à son tour une rétrospective de l’artiste soutenue par une recherche pluridisciplinaire qui fut publiée en partie dans le Burlington Magazine. Le projet de recherche Les Secrets de Modigliani s’est donné comme objectif d’étudier la pratique artistique du peintre sculpteur en analysant un corpus de ses œuvres peintes et sculptées entre 1908 et 1919. Il est piloté par le LaM et le C2RMF en collaboration étroite avec les musées français propriétaires des œuvres et deux unités de recherche CNRS (UMR 8247/Chimie ParisTech et USR 3290/Université Lille).

L’exposition au LaM, si elle a permis de préciser des éléments historiques et grâce aux archives du collectionneur, de nombreuses questions restèrent sans réponse. En effet, peu d’archives semblent avoir été produites par Modigliani et par ses marchands, ou du moins n’ont-elles pas été conservées ou sont aujourd’hui inaccessibles. Ce que la collection et les souvenirs du Docteur Alexandre, premier Mécène de Modigliani, nous permet de comprendre sur les débuts de l’artiste à Paris et sur son travail autour de la sculpture manque cruellement pour la période ouverte par la Première Guerre mondiale et courant jusqu’à son décès en janvier 1920. Les œuvres sont précisément les archives et le témoignage le plus direct laissé par Modigliani. En 1981, le laboratoire de recherche des musées de France avait étudié un corpus de 21 œuvres à l’occasion de l’exposition rétrospective présentée au Musée d’art moderne de la Ville de Paris. Depuis, des avancées technologiques considérables ont été réalisées dans l’examen scientifique des œuvres d’art, notamment par une approche de manière non invasive. Les cartographies en fluorescence X et l’imagerie hyperspectrale ont en effet introduit une véritable révolution du regard porté sur les œuvres pour mieux comprendre le geste, le savoir-faire, l’intention de l’artiste. Les Secrets de Modigliani prend ainsi le parti d’étudier l’ensemble des 25 peintures et 3 sculptures de Modigliani appartenant aux collections publiques françaises, conservées dans 11 musées de France[*], elles permettent ainsi de parcourir l’œuvre de l’artiste entre 1908 et 1919. Deux œuvres supplémentaires, réputées d’après Modigliani bien avant l’étude commencée en 2018, ont été ajoutées au corpus car un faussaire peut paradoxalement nous révéler l’art de Modigliani en négatif. Toutes les œuvres suivent un protocole identique d’analyse de par leur venue dans le laboratoire du C2RMF, où elles font l’objet d’une étude et d’analyses par imagerie multidimensionnelle et multispectrale. Les liants organiques sont caractérisés par une technique de pointe de la lipidomique à l’Université de Lille.

L’objectif de ces journées d’étude est d’aborder l’œuvre de Modigliani de manière pluridisciplinaire. Elles seront l’occasion de communiquer à la communauté scientifique les nouvelles informations collectées au cours du projet qui seront intégrées aux apports inédits des chercheurs de la communauté internationale. Tous ces résultats offrent des perspectives inédites pour comprendre le travail de l’artiste météore. L’analyse matérielle des œuvres fournit des informations précieuses où les regards, les démarches des restaurateurs, des scientifiques et des historiens d’art se rejoignent et se conjuguent pour une interprétation plus riche et une ouverture vers une meilleure connaissance des pratiques de Modigliani. De plus, le corpus important et représentatif de la carrière de Modigliani, permet d’ébaucher des tendances, d’esquisser une évolution dans sa technique de mise en œuvre des toiles et des cartons, de préciser sa palette, de caractériser sa touche et sa technique de dessin… Les journées d’étude permettront enfin d’ouvrir des pistes de réflexion sur la restauration des œuvres de l’artiste et sur les formes d’expositions pour communiquer aux différents publics les résultats de la recherche matérielle.

[*] LaM, Musée de Grenoble, Musée des Beaux-Arts de Rouen, Musée des Beaux-Arts de Nancy, Musée d’art moderne de Troyes, Musée national d’art moderne-Centre Pompidou, Musée de l’Orangerie, Musée national Picasso de Paris, Musée d’art moderne de la Ville de Paris, Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Musée des Beaux-Arts de Lyon

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